L’agence Photographique
Roger-Viollet

Galerie Roger-Viollet
Autoportrait d’Henri Roger à 19 ans en 1888

L’histoire de l’agence Roger-Viollet commence bien avant sa création, avec une personnalité caractéristique de la fin d’un XIXe épris d’innovation et de progrès technique : celle d’Henri Roger, père de la fondatrice, Hélène Roger-Viollet.

Né en 1869 à Paris, on raconte qu’Henri Roger prend sa première photographie à l'âge de 11 ans ; à 20 ans, jeune ingénieur, il pratique le trucage photographique et produit des autoportraits multipliés et facétieux, qu’il nomme bilocations et trilocations. Il épouse Jeanne Viollet, au tournant du XXème siècle et accole désormais le nom de son épouse au sien. Ses 6 enfants, 5 filles et 1 garçon, lui servent de modèles pour des mises en scène fantaisistes de la vie familiale bourgeoise. Après la 1ère guerre mondiale, sa production devient plus sobre et plus documentaire, jusqu’à sa mort en 1947. Les quelques milliers de photographies d'Henri Roger, ainsi que celles de son frère Ernest, font partie des collections fondatrices de l'Agence Roger-Viollet.

C’est Henri Roger, donc, qui initie sa fille aînée Hélène, née en 1901, à la photographie ; elle en conservera une passion durable et en fera son métier. Avec Jean-Victor Fischer, qu’elle rencontre à l’école de journalisme et qui deviendra plus tard son mari, elle entame une série de reportages photo à l’été 1936. Partis pour suivre les départs en congés payés du Front Populaire, Hélène Roger-Viollet et Jean Fischer ramènent parmi les premières images de la guerre civile espagnole et de l’afflux de réfugiés à la frontière.

Deux ans plus tard, en octobre 1938, ils fondent au 6 rue de Seine à Paris, la « Documentation Photographique Générale Roger-Viollet ».

Galerie Roger-Viollet
14 octobre 1938, Hélène Roger-Viollet devant le magasin de M. Ollivier acheté récemment

Ayant racheté la boutique et le fonds d’images de Laurent Ollivier, qui vendait aux étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts des reproductions d’œuvres et des photos de paysages, Hélène Roger-Viollet et son compagnon y adjoignent la production familiale et leurs propres clichés. L’agence ferme à peine un an après son ouverture, au début de la deuxième guerre mondiale, pour une parenthèse qui durera 5 ans que ses fondateurs passeront dans le sud de la France, en zone libre. Ils sont de retour à Paris dès la Libération, et l’agence est une des premières à ré-ouvrir en novembre 1944.

Galerie Roger-Viollet
Hélène Roger-Viollet photographiée par son guide à Palmyre (Syrie) en novembre 1953

Après-guerre, ils poursuivent un effort continu d’acquisitions : fonds d’agences sans successeurs, de studios en faillite, de photographes défunts ou de fabricants de cartes postales, achats de reportages ou de photos « à la pièce », trésors de collectionneurs ou archives de bouquinistes, rien n’échappe à leur boulimie d’achat. En parallèle, ils constituent une collection de daguerréotypes et d’appareils photographiques anciens. La boutique s’agrandit, avec le rachat du magasin d’antiquité voisin, les boites vertes contenant les tirages se remplissent, le classement s’étoffe et l’agence prend le statut d’agence de presse dans les années 1960, témoignant de sa place dans les media.

C’est ainsi qu’ils constituent un fonds photographique unique en Europe, regroupant 6 millions d’images et couvrant plus d’un siècle et demi d’histoire parisienne, française et internationale.

L’ambition encyclopédique – les documents de communication de l’agence proclament fièrement qu’elle offre « toute l’histoire du monde de la préhistoire à nos jours » - est soutenue par la diffusion de collections étrangères, et la production « maison ». En parallèle, 6 mois par an, les époux Roger-Viollet voyagent. Ils complètent les fonds de l’agence par leur production propre, et en particulier par leurs reportages autour du monde, très réguliers depuis la fin des années 1950, de l’Afrique à L’Asie aux Amériques, jusqu’à leur tour du monde sur le paquebot France qui donnera lieu à un récit de voyages : « Ah qu’il est beau ce tour du Monde ».

A la disparition des créateurs de l’agence Roger-Viollet, et selon leur volonté, les collections et l’agence sont légués à la Ville de Paris, qui, après 20 ans de contestation de l’héritage, crée en 2004 la Parisienne de Photographie, pour gérer les archives Roger-Viollet et assurer la reproduction numérique et la diffusion des autres collections municipales. La numérisation des collections, démarrée à la fin des années 1990 s’accélère à partir de 2007 : plus d’un million de supports sont à présent numérisés.

Les archives photographiques du quotidien France-Soir, préemptées par la Ville de Paris en 2012, vient maintenant enrichir les fabuleuses collections de l’agence. Elles apportent un regard inédit sur la société française des années 1960 à 1980 au travers des nombreux reportages réalisés par l’équipe de photographes du journal couvrant tous les évènements sportifs, politiques, culturels et sociétaux de l’époque.

En janvier 2020, afin de valoriser au mieux les collections, la Ville de Paris concède l’exploitation commerciale des fonds Roger-Viollet et France-Soir à Delta Arts, une société privée.

Depuis décembre 2020, et après plus de trois mois de travaux, l’agence propose une galerie ouverte et accessible gratuitement au public, de plus de 100m², incluant un espace d’exposition, un espace de consultation et de vente de tirages, et un coin librairie.

Conçue et élaborée par l’architecte David Apheceix, la galerie, moderne et épurée, met en valeur les photographies exposées ainsi que les iconiques boites d’archives de l’agence. Pour compléter l’espace, des tabourets ont été́ spécialement créés par Wendy Andreu, la designer sélectionnée, Rising Talent Awards lors de Maison & Objet en 2020.

Pour que l’histoire se perpétue et parce que les photos contemporaines sont les archives de demain, l’agence Roger-Viollet poursuit sa politique de recherche de fonds d’images inexploités. En marge des collections qui lui sont propres, l’agence diffuse le travail de nombreux photographes leur permettant de pérenniser et valoriser leur production photographique.

Galerie Roger-Viollet
Galerie Roger-Viollet
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